Sega annonce le rachat du studio à l’origine d’« Angry Birds » pour 706 millions d’euros


Le film « Angry Birds » (2016) a été coproduit par Rovio et les studios de production Columbia.

Le hérisson et les oiseaux : la formule ressemble à un titre de fable de La Fontaine. Elle résume bien la future acquisition du studio de jeu vidéo Rovio par l’éditeur Sega, respectivement responsables des volatiles éponymes du jeu vidéo Angry Birds et du hérisson Sonic, icône des années 1990 devenue vedette au cinéma. Une offre de rachat amicale du spécialiste finlandais du jeu mobile par l’acteur historique du jeu vidéo japonais a été officialisée lundi 17 avril dans un communiqué commun : elle s’élève à 706 millions d’euros.

« L’objectif à long terme de Sega est d’accélérer sa croissance dans le secteur [du jeu vidéo mobile] », a annoncé Haruki Satomi, président-directeur général du groupe Sega Sammy Holdings. L’entreprise, dont le chiffre d’affaires annuel était d’environ 2,6 milliards d’euros en 2022, souhaite ainsi diversifier son catalogue : pour l’instant, ses licences phares, comme Sonic, les jeux de rôle Persona et Yakuza (récemment renommé Like a Dragon), les jeux de stratégie Total War ou de gestion comme Football Manager sont essentiellement plébiscités sur console ou PC.

Sega manifeste ainsi son intérêt pour le savoir-faire et les technologies développés par Rovio en matière de « services d’exploitation en ligne », une catégorie de jeux généralement proposés en téléchargement gratuit mais rentabilisés sur la durée grâce à la vente de bonus facultatifs ou de mises à jour payantes.

Ce modèle économique a permis aux jeux vidéo sur smartphone de devenir le premier marché de l’industrie dans les années 2010. En 2022, son chiffre d’affaires était de 84 milliards d’euros dans le monde, selon le bilan du cabinet spécialisé Newzoo, contre 47 milliards d’euros pour les jeux sur console et 35 milliards pour les jeux sur PC.

Un acteur historique du jeu mobile

Dans le jeu « Angry Birds » (2009), il faut propulser les oiseaux sur les cochons verts en faisant glisser le doigt sur l’écran tactile du smartphone.

Rovio bénéficie de vingt ans d’expérience dans le domaine du jeu mobile. Après quelques années à travailler pour Nokia, autre entreprise finlandaise, Rovio vole à partir de 2009 de ses propres ailes en misant sur le projet personnel de deux de ses employés, au pitch pourtant improbable : celui de volatiles colorés luttant contre des cochons verts qui ont volé leurs œufs. Le succès d’Angry Birds propulse l’équipe aux avant-postes d’un secteur alors en pleine expansion : celui du jeu vidéo sur smartphone. Proposé initialement à moins d’un euro, il transforme l’entreprise d’une douzaine d’employés en multinationale implantée dans cinq pays et comptant cinq cents salariés. En 2012, Angry Birds est le premier jeu mobile à dépasser le milliard de téléchargements, selon le Guinness des records.

Après un décollage fulgurant, Rovio connaît pourtant des turbulences. D’abord, l’entreprise est contrainte d’abandonner le modèle économique du jeu payant pour s’adapter au tout gratuit imposé par ses rivaux, notamment Clash of Clans et Candy Crush Saga. Ensuite, elle souffre d’une diversification à tout va, se risquant à lancer des produits dérivés et même à des parcs d’attractions qui lui coûtent cher.

Au fil des années, l’ancien champion prend du plomb dans l’aile. L’écosystème du jeu mobile, certes en croissance permanente, frôle la saturation, et le chiffre d’affaires de Rovio reste tout juste stable – il était de 317,7 millions d’euros en 2022.

Deux entreprises en quête de renouveau

« Beaucoup d’investisseurs et d’observateurs reprochent à Rovio de ne pas avoir su se renouveler », constate l’analyste George Jijiashvili, spécialiste de l’industrie vidéoludique pour le cabinet d’analyses stratégiques britannique Omdia. En passant dans le giron de Sega, l’entreprise finlandaise peut espérer briser le plafond de verre auquel sa croissance est confrontée, en exploitant d’autres licences emblématiques.

Le hérisson et les oiseaux ont aussi quelques idées similaires derrière la tête. Rovio et Sega ont activement travaillé ces dernières années pour décliner les aventures de leurs personnages iconiques sur grand et petit écran. Sonic et les Angry Birds ont chacun fait l’objet de deux adaptations à succès au cinéma. Ces films ont remporté assez de succès pour qu’un troisième épisode de chacune des licences soit mis en chantier. Les personnages ont aussi été transposés dans diverses séries animées. « Après le succès de The Last of Us et de Super Mario Bros., le film, les adaptations ont la cote. Le phénomène pourrait être aussi important dans les années 2020 que celui des adaptations de superhéros dans les années 2010 », considère George Jijiashvili.

« Sonic 2 : le film » est sorti en avril 2022. Il a dépassé les 400 millions de dollars de recettes au box-office international.

Le cinéma et le jeu mobile sont une nouvelle mue pour Sega. Après avoir dû abandonner son rôle de fabricant de consoles de jeux vidéo en 2001, l’entreprise avait été contrainte en 2022 de fermer ses salles d’arcade, qui constituaient historiquement son cœur de métier. Elle continue toutefois à développer et à éditer des jeux vidéo pour console, PC et borne d’arcade.



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Catégorie article Jeux

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